«The perfect storm»

Ce sont les mots qu’utilisent Todd Richmond pour qualifier la rafale qui s’en vient en éducation :

«In his presentation on October 19, Richmond compared the future technology-triggered transformation of educational institutions to the « perfect storm » that hit the music industry when several different factors intersected to disrupt the existing institutions for making, distributing, and monetizing music: millions of people acquired broadband connections and used sufficiently powerful personal computers, the MP3 format made it easy to encode, transmit, and decode music via the Internet, digital tools for capturing and editing audiovisual content made « studio quality » production widely available, online social networking made p2p and viral distribution possible.» (source)

Tout comme le rappelle Jacques Cool, ce sont les avancées spectaculaires en matière de stockage d’informations digitales qui permettent en partie au ras de marée de se construire. L’école s’est maintenue à l’abri des secousses parce qu’elle persiste à s’asseoir sur les mêmes vieilles prémisses :

«Alarmingly, there may be no sector of society where technology has had less impact. That’s because K12 education persists in operating on the premise that to have school, you must physically co-locate teachers, students and curriculum materials. Teachers and students are assigned to stand-alone, self-contained school buildings that house paltry collections of mostly outdated curriculum materials. With rare exceptions, digital technologies and interactive communications are still largely peripheral to the primary activities of the typical school day.» (source)

Au Québec, nous n’entendons que de petits sifflements. L’ordinateur du MIT débarquera sous peu en Thaïlande, en Libye et dans beaucoup d’autres pays, mais pas question de voir des manivelles avant longtemps chez nous. L’utilisation des logiciels sociaux demeure un phénomène anecdotique et comme le disait Gilles dans le billet que je citais hier, nous nous contentons plus souvent qu’autrement «d’une utilisation ustensile de l’informatique.» Et je ne parle pas de Wikipédia que tout le monde connaît en dehors des écoles, mais qui représente probablement un outil beaucoup trop explosif pour nos salles de classe. «The perfect storm» n’est pas encore à nos portes. Pourtant «Low-cost laptop could transform learning», selon plusieurs!

Mais ce cher Will est sur le bon filon; d’ailleurs, c’est sur son billet, «The “Perfect Storm” for Education» que j’ai piqué l’expression :

«As more and more learning, powerful, passion-based learning becomes available outside the classroom, will the “perfect storm” (as Richmond calls it) for education finally arrive, forcing us, finally, to consider some radical re-envisioning of our classrooms?»

Le vent touche d’abord les espaces éloignés des classes au Québec. La tempête risque fort d’influencer en premier les zones plus sensibles aux manières différentes d’apprendre. Les milieux qui ont moins à perdre (ou tout à gagner, c’est selon) n’ayant pas tout investi dans les hierarchies procédurales et dans le «tu dois toujours faire comme cela». L’école risque de se croire bien protégée par ses murs érigés en habitudes, à l’abri de ces bourrasques qui finissent toujours par s’arrêter un jour. C’est bien connu, «le vent passe, mais les crayons demeurent» (ou c’est plutôt «les réformes passent, mais les questions demeurent», je ne sais plus!?!).

J’ai l’air amer ce soir en tenant ces propos, mais le plus drôle, c’est que je suis assez optimiste. Je fais confiance aux jeunes qui acceptent de moins en moins qu’on nie que le crayon d’aujourd’hui ne puisse pas servir un peu plus pour échanger de l’information, pour publier du contenu et pour travailler en réseau. Ils sont encore bien malhabiles dans leurs usages souvent débridés des nouvelles technologies qui confortent ceux qui croient que tout cela n’est que mirage. Mais ils apprennent… vite et bien. C’est beau de les voir aller. En dehors de l’école, on s’adapte drôlement vite et ça finira bien par bousculer les certitudes et les errances, car il n’y a pas que résistance; il y a aussi manque de moyens, d’assurance et de constance dans l’effort de réapprendre quand on croyait bien ne plus avoir à passer par là. Attendre que le vent passe est une stratégie qui a déjà fait ses preuves, qui a bien servi; mais nous sommes à l’ère du réchauffement, des collisions. Les certitudes d’hier commencent à être moins certaines; il n’y a qu’à regarder dehors en ce 5 janvier 2007… «The perfect storm is comming.»

«So far so good». Pour le moment. Mais ça ne sera plus vrai encore bien longtemps. Encore un peu de patience. Ça n’empêche personne de préparer le terrain pendant ce temps-là…

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1 Commentaire
  1. […] Richmond (2006) utilise l’expression «tempête parfaite» («perfect storm») pour décrire ce qui nous vivons actuellement en éducation et je serais porté à penser comme […]

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