Un gars c’est un gars

Août 1983. Je n’ai pas encore vingt-un an. Je sors de l’université, titulaire d’un baccalauréat. Je débute mon premier vrai travail dans une école secondaire, à Sherbrooke. Un pensionnat qui n’accueille que des garçons. Plusieurs centaines. Ils arrivent le dimanche soir et ils repartent le vendredi après-midi. J’y ai travaillé pendant neuf ans…

La meilleure école de formation qui puisse être!

Au Collège du Mont-Sainte-Anne, j’y ai appris mon métier d’éducateur. Pendant les six premières années, j’ai été formé par les étudiants, bien-sûr, mais aussi par mes collègues, dont mon supérieur immédiat, Serge Goyette qui a eu beaucoup d’ascendant sur ma vie professionnelle. Dès le premier jour de travail de ce mois d’août 1983, j’ai su que Serge aurait beaucoup d’impact sur ma façon d’entrer en relation avec les jeunes. Serge avait déjà quelques années d’expériences, moi je n’en avais que très peu. Avec quelques collègues, nous avions l’entière responsabilité de la vie étudiante au pensionnat : la discipline, l’animation, la santé, la sécurité, les études et aussi, le sommeil. Nous étions des hommes qui avaient à prendre soin d’adolescents. Nous nous disions souvent qu’on était mieux de les occuper, parce que sinon, eux étaient pour nous occuper et pas nécessairement comme on le voudrait.

Serge était le chef. Je lui ai succédé à la rentrée 1989. J’ai passé des heures à discuter d’éducation avec mon ami. Je reviens justement cet après-midi d’une autre de ces discussions, en ce 19 décembre 2013…

Toujours un grand bonheur.

Serge est de ces rares personnages qui ont la capacité de changer une vie.

Un de ses anciens élèves du temps où il oeuvrait à La-Pocatière, vient de terminer un documentaire où son approche éducative bien particulière est mise en valeur. Il s’agit d’un documentaire signé Simon Goulet : Un gars, c’est un gars!

« Inspiré par Serge Goyette qui l’a aidé à trouver un sens à l’école il y a 30 ans, le réalisateur Simon Goulet cherche à comprendre pourquoi plus de garçons que de filles abandonnent l’école secondaire au Québec. Décrocheurs, raccrocheurs, parents, enseignants, et spécialistes abordent de front cette question, soulevant au passage de grands tabous. Sous la forme d’un film-débat, Un gars, c’est un gars! nous ébranle et nous fait sourire, mais surtout, il ouvre un dialogue sur le langage des garçons et la façon d’y répondre. »

Je serai devant le petit écran au soir du mercredi 8 janvier 2014 de 20h00 à 21h00 puisque le film sera diffusé sur RDI (Les Grands Reportages). Je sais que Serge fera quelques apparitions médiatiques en prévision de la diffusion : à la télé, à l’émission RDI matin week-end du dimanche 5 janvier et au micro de Catherine Perrin (Médium large), le matin de la diffusion, le 8 janvier 2014. J’espère qu’il y en aura d’autres, qu’il sera invité ailleurs…

Tous ceux qui connaissent Serge seront heureux qu’on puisse reconnaître sa vision de l’éducation comme pouvant être porteuse de sens.

Il ne fera pas l’unanimité. Il ne l’a jamais faite.

Déjà, l’expression « Un gars, c’est un gars! » peut être interprété de tellement da façons différentes. Qui n’a pas entendu…

  • « C’est comme ça, on ne peut rien y changer et il faut excuser le comportement de ces jeunes hommes. »
  • « Il faut les prendre tels qu’ils sont et c’est à nous, éducateurs/trices de s’ajuster. »
  • « Ils sont comme ils sont et c’est plus fort qu’eux; laissons les faire leurs folies, quand ils en auront assez, on s’occupera d’eux. »
  • Etc. Et d’autres encore…

Je me suis toujours opposé à cette vision.

Mon ami Serge s’expliquera lui-même et le réalisateur aussi – ils sont de grands garçons – mais quant à moi, j’assume complètement le choix de Simon Goulet d’avoir titré ainsi son film.

Tout me semble une question de codes et de langage à interpréter, de manière à ce qu’au moins, on se comprenne un peu mieux. Serge et moi avons passé des milliers d’heures à essayer de « connecter » avec les jeunes, garçons et filles, dans les établissements scolaires que nous avons dirigés. On n’y est pas toujours parvenu, mais en empruntant des chemins moins fréquentés, avec plusieurs garçons en particulier, ça nous a aidé à faire des bouts de chemin et à en garder un grand nombre de ceux qu’on nous confiaient à l’école. On a rapidement constaté les différences associées aux genres. De mon côté, je dois ajouter qu’après l’expérience du Mont-Sainte-Anne, je suis allé diriger un pensionnat qui ne regroupaient que des jeunes filles. Le contraste était frappant…

Que ça plaise ou non, des différences dans la manière de communiquer existent et Serge a toujours représenté pour moi un maître-décodeur, de ces messages incohérents des « maudits gars », comme se risquent parfois à dire les filles, les femmes ou les mères. Rien de scientifique, mais souvent, très souvent… ça nous a permis d’avancer. Ce don nous a souvent servi, à lui et à moi pour y voir plus clair!

Ces deux extraits du film circulent actuellement sur Internet et peuvent nous permettre d’en saisir un peu la tonalité.

Un gars c’est un gars! #3 de Films de l'Oeil sur Vimeo.

Un gars c’est un gars! #3 de Films de l'Oeil sur Vimeo.

Simon Goulet et la productrice Catherine Drolet viennent d’apporter une formidable contribution à la lutte contre le décrochage en ayant osé ce film. Merci.

Merci Serge.

Et merci à tous ces gars qui se sont laissés apprivoiser.

N.B. Je me demande… Pourquoi l’Ontario s’est dotée d’une stratégie particulière pour améliorer le rendement en littératie des garçons et pas nous, au Québec ?

Mise à jour du 5 janvier : Excellent passage de Simon Goulet et de Serge Goyette à l’émission RDI matin week-end ce dimanche. Bravo.

Mise à jour du 8 janvier : Voici le lien vers l’entrevue à Médium large de ce matin.

Mise à jour du 9 janvier : « Un gars, c’est un gars! » est maintenant disponible sur Tou.tv.

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4 Commentaires
  1. Photo du profil de Guy Vézina
    Guy Vézina 9 années Il y a

    Merci Mario de m’avoir signalé ce reportage que je ne manquerai certes pas! et BRAVO à Serge pour son engagement éducatif depuis de si nombreuses années! J’ai eu la chance de l’avoir connu comme élève et comme ami.

    Guy Vézina

  2. […] du fait que je connais très bien l’éducateur qui a inspiré ce film, Serge Goyette, je serai devant le petit écran mercredi soir prochain pour le visionnement du […]

  3. […] par mon copain Serge que j’ai réussi à attiré cette fois, j’ai encore été stupéfait par […]

  4. […] message dans le documentaire signé Simon Goulet «Un gars c’est un gars», diffusé à quelques reprises sur Ici Radio-Canada et disponible sur Tou.tv: «On dirait que […]

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