R.I.P. le coffre-fort virtuel

Note : Ce billet a d’abord été publié au Journal de Québec dans la section « blogue ».

Même s’il a abondemment été question cette semaine du dossier du coffre-fort virtuel de la Ville de Québec (1, 2, 3, 4, 5), je considère que ce dossier est mort depuis le mercredi 11 décembre 2013 à l’occasion d’une soirée où plusieurs technologues réunis par la VETIQ ont assisté à une présentation de Jean-Marie Tirbois, de chez Asentri/Almerys.

Avant cette présentation «de la dernière chance», le coffre-fort virtuel n’avait pas la cote – ni dans la population, ni auprès «des experts» – mais devant l’insistance de quelques intervenants à la Ville de Québec, on voulait bien échanger avec les responsables du projet, «des fois» que nous aurions jugé un peu trop vite la plateforme eBeeOffice de la firme Asentri qui promettait «l’archivage et l’échange de documents numériques dans un environnement très sécuritaire».

Unanimement (et très poliment), nous avions convenu voilà bientôt un an qu’il n’y avait «no future» à Québec pour ce projet. On l’a dit à M. Tirbois et aux gens de la Ville qui étaient sur place, je m’en souviens très bien.

(Je vais parler «en je») J’avais – et j’ai encore – l’impression d’une tentative de réinventer l’eau chaude…

Avec les Dropbox et Google Drive de ce monde (qui fonctionnent eux, sans clef physique insérée dans un lecteur que l’usager doit obligatoirement se procurer), les documents sensibles peuvent être échangés avec un niveau de sécurité qui n’est peut-être pas celui dont la Ville rêvait, mais suffisant pour les usages communs. Si la Ville souhaitait aller plus loin, agir de manière à ce que des citoyens puissent payer leurs taxes, des contraventions ou y effectuer une demande de permis ou de subvention via un dispositif de ce genre, elle n’avait pas à autant se compliquer la vie, de mon point de vue… Le besoin d’affaires exigeait-t-il une solution aussi démesurée ? Une entente de partenariat avec Notarius aurait-elle pu être un meilleur point de départ ?

Dès le 30 mars 2011 par l’annonce de Amerys concernant l’implantation de son siège social dans la Ville de Québec, l’approche «globale de la dématérialisation» développée par les «laboratoires d’Orange et d’Almerys» m’était apparue… pompeuse, c’est le moins que je puisse écrire. Je ne sais pas ce qui est advenu d’un contrat octroyé à la firme Zins Beauchesne et associés pour la réalisation d’une étude de marché et d’une étude sur les aspects légaux de ce projet du Centre de recherche en droit public de la Faculté de droit de l’Université de Montréal (source), mais on voit depuis un bout de temps que ça n’ira pas plus loin. Quant à savoir si un véritable siège social s’est implanté à Québec, c’est une autre histoire…

Cette discussion de mai 2013 sur les ondes de Radio-Canada représente bien mon point de vue.

Ce soir de décembre 2013, M. Tirbois avait eu beau nous expliquer tout le potentiel d’un nouvel écosystème technologique à naître pour les développeurs d’applications, avec huit ou neuf cent abonnés (on en espérait 30 000), je n’ai rencontré personne ce soir-là qui donnait des chances au projet de porter fruits.

L’idée d’attirer Orange à Québec par ce volet (pouvant représenter de la recherche et du développement – R&D) d’un plus gros projet, cependant, faisait en sorte que chacun avait envie de retenir son jugement global. C’est mon impression.

Dans une mise au point en mai 2013 sur le coffre-fort virtuel après que certaines ratées aient été constatées (dont celle-ci et celle-là), le maire avait insisté sur cet aspect du projet. Je considère toujours qu’on peut laisser au maire et à Québec International (qui, soit dit en passant, en mène beaucoup plus large dans ce dossier qu’il ne le paraît) le temps de matérialiser le plus gros projet.

Si le coffre-fort virtuel a obtenu son lot de critiques (méritées, selon moi), nous serions probablement mal venus de se positionner contre l’arrivée à Québec de l’entreprise française Almerys qui affirme vouloir investir 34,5 millions de dollars pour construire un «bunker» de données numériques. Le 15 novembre 2013, le Journal annonçait que «le site pour le bunker d’Almerys avait été trouvé» et cette semaine on apprenait que «le comité exécutif de la Ville a entériné mercredi l’option d’achat liée à un dépôt de 152 000 $, soit 10 % de la valeur d’un terrain de 1,5 million $» (source).

Une certaine retenue des gens de l’industrie des technos a probablement toujours été liée au volet «centre de données» du projet, parce que pour ce qui est du coffre-fort lui-même…

Le rôle de Orange
Revenons sur ce qui a remis à l’avant-plan le dossier cette semaine, le rôle de Orange dans cette aventure.

Je reprends la lecture du communiqué de mars 2011. L’adresse courriel du représentant d’Amerys (pas «Almerys», mais bien «Amerys», on parlerait donc d’une entreprise «soeur» qui serait ou aurait été franco-québécoise ?) qui signe le communiqué («jm.tirbois@orange.fr») est au nom de la société française Orange. Sur son profil linkedin, Jean-Marie Tirbois a effectivement occupé divers postes chez Orange avant d’oeuvrer chez Almerys (avec un «l») dont le logo d’Orange Business Services est bien en vue sur leur site Web. Quand on vérifie chez Asentri sous le lien «Qui sommes-nous», il est écrit que Asentri est «un partenaire d’Almerys, une filiale du géant français des télécommunications, Orange.

Il semble établi que Asentri est le nom utilisé ici à Québec par Almerys en France.

La thèse du maire de Québec selon laquelle il y aurait du monde «assez mêlés» à Paris, chez la multinationale française Orange, prend du poids…

Démocratie Québec (l’opposition au Conseil de ville) a beau répéter que le maire Labeaume aurait «menti à la population», personnellement, je ne doute pas de l’implication d’Orange dans le projet. L’organigramme montré par le maire Labeaume cette semaine aux médias, pointant les liens qui unissent Orange à Almerys me paraît clair.


« Orange possède 64 % d’Almerys, c’est la compagnie pour laquelle nous travaillons », a martelé le maire. Source : article sur le site de ICI Radio-Canada.

Plusieurs angles du projet auraient pu ramener le coffre-fort virtuel dans l’actualité. Celui de l’implication ou non d’Orange permet au maire d’annoncer la fin probable du volet «grand public» du coffre-fort.

Le maire Labeaume n’est probablement pas malheureux cette fin de semaine de la sortie de l’Opposition, d’autant que ça lui a permis de dire sur la place publique ce que tout le monde savait officieusement à Québec.

R.I.P. le coffre-fort ACCÈS VQ.

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1 Commentaire
  1. […] du retour potentiel des Nordiques de Québec, du moment où sera officialisé l’abandon du projet de coffre-fort virtuel par la Ville de Québec ou encore de savoir si la période d’austérité que nous traversons […]

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