La pensée « socio-hypertextuelle »

« C’est ce que j’appelle la pensée « socio-hypertextuelle » : une pensée liante dans le chaordre social qu’est Internet. »
Cette citation provient de ce merveilleux billet de Gilles Jobin. Je le mentionne dans mon commentaire à la suite du texte : «J’en ai pour la fin de semaine à creuser dans mes propres fondements à partir de cette construction», histoire de paraphraser Gilles. « La pensée « socio-hypertextuelle » », c’est un intéressant concept. Chez Wikipédia, on défini l’hypertexte comme « un réseau constitué par un ensemble de documents informatiques (originaux, citations, annotations) liés entre eux. Développer sa pensée dans ce contexte (sans mauvais jeu de mots) équivaut à construire du sens « en liant nos idées à celles des autres » (comme le dit si bien Gilles) à l’aide de l’outil social qu’est le cybercarnet.
Plusieurs lignes de ce billet d’une qualité rare me restent en tête des heures après la lecture dont celles-ci : « Il n’a pas à attendre qu’on lui fasse la charité d’un espace-temps pour les exprimer. C’est évidemment là la force du web. Le blogue vient ajouter la facilité de publication. » Ce n’est pas étonnant que plusieurs journalistes aient découvert l’outil grâce à ce facteur-clé qu’est l’absence de goulot d’étranglement dans ce type de publication Web. Je suis quand même heureux qu’un pédagogue comme Gilles ait vu aussi tout le potentiel au niveau des apprentissages que constitue l’outil du cybercarnet. Évidemment, plusieurs facteurs agissent comme révélateurs de sens; l’utilisation de l’outil ne peut à lui seul aider le jeune apprenant à découvrir et apprécier la force « de la bête ». Gilles nous dirige vers cette page de ce carnet utilisé en contexte d’apprentissage scolaire; le rôle du pédagogue, ses convictions profondes et ses renoncements font partie de ces facteurs-clé dont je parlais plus haut. Nous (les « faiseurs-apprendre » au contact de cet outil) tentons de les répérer actuellement ces ingrédients indispensables. Nous essayons de les nommer. Nous le faisons parce qu’au-delà des intuitions, nous observons un changement énorme dans la motivation à apprendre, dans la maîtrise de l’écrit, dans l’élaboration d’une communauté d’apprentissage engageant parents et éducateurs au sein d’une même cause.
Un de ces ingrédients semble être l’audace de croire que « tout être humain a droit à ses opinions et qu’elles « fittent » ou pas dans le décor socio-politico-correct, il peut maintenant les soumettre au monde entier » pour apprendre à être et à communiquer (je fais du pouce sur des mots qui viennent de Gilles). L’audace… l’affirmation… le respect… la dissidence ! Ce ne sont pas des valeurs propres à notre système scolaire très conservateur… contrôlant… nivelant et frileux. Pas partout, moins avec l’arrivée de la réforme, mais beaucoup chez les syndicats, chez plusieurs cadres scolaires (privés et public confondus) et chez bon nombre de parents. Je lisais ce matin un texte de Normand Provencher dans le Soleil (à-propos d’un joueur de hockey et d’un chauffeur d’autobus) qui traduit bien ce sentiment répandu dans toute la société (je ne trouve pas d’hyperlien de « Haro sur les dissidents ») :
« La dissidence a toujours été affligée d’un double discours. On admire le courage de celui qui ose aller à contre-courant, celui qui ose sortir des rangs, celui qui ose ne pas bêler avec le troupeau. On l’admire, le dissident, mais de loin, tant qu’il ne vient pas gâcher le party. À ce moment-là, on l’admire un peu moins. »
Gilles dit encore : « Mes idées ont beaucoup changé relativement à l’impact pédagogique du blogue. » J’en suis fort aise, car un pionnier comme lui pourra contribuer à ce que nous y voyions plus clair encore. Son billet de ce matin représente pour moi un genre de « milestone » dans l’intégration de ces outils (les carnets Web, cybercarnets ou blogues) aux apprentissages !
Je m’étais dit que je prendrais la fin de semaine pour publier mes idées à la suite des siennes, mais l’urgence de faire émerger ce que ce texte me révèle était plus fort que la patience de creuser encore plus profond. Et puis, je peux bien faire un et l’autre !

2 Commentaires
  1. Photo du profil de MartinLessard
    MartinLessard 18 années Il y a

    Comment un carnet peut-il générer de la qualité? C’est vrai, en l’absence de reviseur, intermédiaire, éditeur, filtreur, on se demande comment la qualité peut émerger d’un tel système d’auto-publication.
    Il m’apparait que la qualité émerge grâce aux hyperliens! Ce n’est pas un système basé sur un filtre a-priori mais bien a-posteriori.
    Les hyperliens agissent formellement comme vecteur explicite de citation. Lier sa note à une autre note que l’on trouve intéressante exprime minimalement notre intérêt pour la citation-destination. Le contenu référencé gagne d’avantage en visibilité et se fait lentement sélectionner comme une note de qualité.
    J’apporte cette idée car il me semble que l’auto-publication de ses opinions n’est pas en soit suffisant pour permettre « d’apprendre à être et à communiquer ». Un journal intime pourrait faire l’affaire sinon. Le carnet web, grâce aux hyperliens, dans un réseau dense de relations humaines, permet l’émergence de « l’audace, l’affirmation, le respect et la dissidence ».
    En ce sens, cette émergence de qualité est un très bon signe…

  2. […] les clés de lecture d’une source d’information dans un univers où règne un certain chaordre (d’abord chercher « qui parle » à travers un site ou une […]

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